Chronique spéciale – Ouganda - African Trade Insurance Agency (Fr)

Chronique spéciale – Ouganda

Entretien avec M. Keith Muhakanizi, secrétaire permanent / secrétaire au Trésor, Ministère des Finances, de la Planification et du Développement Économique de la République d’Ouganda.

Mr. Keith Muhakanizi

Q: COVID-19 a plongé de nombreux pays africains dans une situation intenable qui nécessite une réduction des financements au moment même où la relance s’avère vraiment nécessaire. Comment le gouvernement prévoit-il relancer l’économie après la COVID tout en maintenant une gestion efficace de la dette souveraine et des liquidités?

Le gouvernement entend stimuler l’activité économique et la relance sociale, après la COVID, et a donc mis en place un plan de relance ainsi que d’autres mesures fiscales et monétaires pour faire face aux revers économiques occasionnés par la pandémie de COVID-19. Ces mesures sont entre autres:

  • Accroitre les dépenses liées aux matériels médicaux pour la COVID-19 et soutenir les scientifiques et les chercheurs engagés dans la recherche scientifique pour les interventions liées à la COVID-19;
  • Des programmes de relance économique par la mise à disposition de lignes de crédit abordables pour les petites, moyennes et grandes entreprises grâce à une meilleure capitalisation de la Banque de Développement de l’Ouganda (BDO), de la Corporation de  Développement de l’Ouganda CDO), de la Facilité de Crédit Agricole (FCA) et du Centre de Soutien à la Micro Finance (CSM). Cette mesure, associée au paiement des arriérés internes et à divers allégements fiscaux accordés aux entreprises commerciales, permettra aux investisseurs privés ougandais de faire face à la tempête COVID-19; et
  • Des interventions de protection sociale par la fourniture de denrées alimentaires de secours, l’augmentation de la couverture des subventions d’assistance sociale pour l’autonomisation (SAGE), la fourniture d’intrants agricoles et des travaux publics à forte main-d’oeuvre pour la jeunesse citadine. Le gouvernement donne priorité à la modernisation des infrastructures du pays afin de révéler le potentiel de l’Ouganda, d’améliorer la capacité de production et d’accroître la compétitivité. Un certain nombre de projets d’infrastructure clés ont été financés par des ressources empruntées, ce qui a entraîné une augmentation de la
    dette publique au cours de ces dernières années. Cette situation implique cependant quelques risques pour le portefeuille de la dette, notamment en ce qui oncerne le ratio service de la dette/recettes, qui a augmenté ces dernières années, la dette contractée étant de moins en moins assortie de conditions préférentielles. Toutefois, l’accumulation de la dette publique a été gérée avec soin afin de garantir sa viabilité. Les niveaux d’endettement de l’Ouganda sont nettement inférieurs à ceux de la plupart de nos pairs de la région. Le gouvernement reste cependant déterminé à obtenir plus de prêts concessionnels, du FMI et de la Banque Mondiale par exemple, que de prêts non concessionnels.

Q: Bon nombre de parties prenantes externes, y compris les agences de notation, s’inquiètent de la viabilité de la dette sur le continent. Comment l’Ouganda assuret- il la viabilité de la dette, y compris ses obligations à cet égard?

Avant de vous exposer les mesures que nous avons mises en place pour la gestion de notre dette publique, ermettez-moi de vous faire part de l’état de l’encours de notre dette et de ses niveaux de viabilité. A fin juin 2020, l’encours de la dette publique totale s’élevait à 15,27 Mlds d’USD, dont 10,45 Mlds d’USD (environ 38,97 Mlds d’USD) de dette extérieure, et 4, 82 Mlds d’USD (17,98 Mlds d’USD) de dette intérieure. Cela équivaut à 41,0% du PIB en valeur nominale et à 31,8% en valeur actuelle.

Bien que nos emprunts aient augmenté au fil des ans, l’Ouganda est l’un des rares pays d’Afrique subsaharienne à présenter un taux d’endettement relativement faible. En outre, le gouvernement ougandais est conscient de l’importance de la viabilité de la dette pour la stabilité macroéconomique globale, même en dépit du choc de COVID-19. Le gouvernement de l’Ouganda implémente les mesures suivantes visant à ralentir l’accumulation de la ette et à favoriser sa viabilité:

  • Continuer dans la mesure du possible à prioriser les emprunts concessionnels dans le cadre de la dette extérieure et viser à limiter les emprunts intérieurs à 1% du PIB au maximum à moyen terme afin de gérer le coût élevé de la dette et le risque des taux d’intérêt.
  • Nous sommes en passe de concevoir une stratégie de financement du gouvernement ougandais qui identifiera et harmonisera le financement du développement avec les projets prioritaires en établissant un ordre de priorité pour les projets susceptibles de générer un dividende de croissance plus important ;
  • Renforcer l’exécution des projets en mettant pleinement en oeuvre les réformes prévues dans le cadre de la Stratégie de Gestion des Investissements Publics (SGIP), afin de réaliser en temps opportun les bénéfices des projets et par la suite leur impact sur l’économie ;
  • Mettre en oeuvre la Stratégie de Mobilisation des Revenus Intérieurs à moyen terme (SMRI) qui vise à augmenter le revenu intérieur afin de réduire le déficit de financement brut du pays. La SMRI vise à augmenter le ratio revenu intérieur/PIB de 0,5 points de pourcentage par an ; et
  • Accroître les efforts de promotion des exportations et de substitution des importations afin d’augmenter les entrées de devises et de réduire les exportations. La dette extérieure représente plus de la moitié de l’encours de notre dette et nous avons besoin de devises étrangères pour faire face à cette obligation à temps.

Q: Le prix du pétrole ayant atteint un niveau historiquement bas et les perspectives d’avenir du secteur étant incertaines, quels sont les plans du gouvernement pour relancer l’exploitation du pétrole et, plus précisément, comment allez-vous
remédier au manque à gagner prévu dans les recettes budgétisées de ce secteur?

On estime que l’Ouganda possède 6,5 milliards de barils de pétrole dont 1,4 milliard sont jugés récupérables, ce qui équivaut à moins de 40% du potentiel de l’Ouganda. Le pays continue d’investir massivement dans l’exploration et l’évaluation. Par conséquent, le potentiel du pays devrait augmenter à mesure que de nouveaux travaux d’exploration sont entrepris.

Le gouvernement a mis en place un certain nombre de politiques, de lois et de règlements pour assurer une bonne gouvernance du secteur du pétrole et du gaz. Il s’agit notamment de:

  • La politique nationale du pétrole et du gaz pour l’Ouganda, 2008;
  • La politique de gestion des revenus du pétrole et du gaz, 2012;
  • La loi sur le pétrole (exploration, développement et production), 2013;
  • La loi sur le pétrole (raffinage, conversion, transport et stockage intermédiaire), 2013; et
  • La loi sur la gestion des finances publiques, 2015.

Actuellement, le secteur pétrolier ougandais est en pleine expansion. A cet effet, le gouvernement déploie un certain nombre de projets visant à commercialiser les ressources pétrolières. Ce sont notamment: la raffinerie de pétrole, l’aéroport international de Kabale, l’oléoduc de pétrole brut d’Afrique de l’Est et d’autres projets d’infrastructure de soutien en amont. Ces projets requièrent des investissements considérables, de l’ordre de 10 à 15 Mlds d’USD. C’est pourquoi le gouvernement travaille avec des partenaires internationaux pour mobiliser des ressources afin de financer ces différents projets.

Il est évident que les prix du pétrole brut ont baissé un peu partout dans le monde. Toutefois, l’expérience montre que les prix du pétrole brut fluctuent généralement et cela constitue une opportunité pour les investisseurs car ils peuvent se procurer des équipements et des contrats à bas prix. C’est la raison pour laquelle les investisseurs en Ouganda ne cessent de travailler sur les projets pétroliers et gaziers et nous espérons que la Décision Finale d’Investissement (DIF) sera prise au cours du premier trimestre de 2021, ce qui stimulera le développement du secteur pétrolier. Afin de couvrir le déficit des recettes budgétaires en cas de fluctuations des recettes pétrolières, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures pour remédier au manque à gagner des recettes budgétisées du secteur pétrolier. Ces mesures sont, entre autres, la création du Fonds pétrolier et des comptes de réserve d’investissement des recettes pétrolières visant à assurer la collecte, la gestion, l’investissement et la dépense appropriés des recettes pétrolières. Par ailleurs, le gouvernement est en train d’élaborer une règle budgétaire visant à orienter les dépenses des recettes pétrolières en lissant les dépenses au fil du temps et en garantissant des économies afin d’atténuer les déficits; cette règle permettra de répartir les recettes entre les dépenses et les économies de manière à pallier tout déficit et à garantir une trajectoire durable des recettes.
Le budget sera ainsi protégé.

De plus, pour éviter d’être victime de la catastrophe pétrolière, le gouvernement s’est engagé à renforcer les autres secteurs de l’économie, notamment par une politique et une administration fiscale forte. Cela permettra de maximiser la collecte de recettes auprès des autres secteurs non pétroliers de l’économie afin de minimiser la dépendance vis-à-vis du secteur pétrolier.

Q: Hormis le secteur pétrolier, quels autres domaines le gouvernement privilégie-t-il pour aider à attirer de nouveaux investissements dans le pays?

Outre le secteur pétrolier, les autres domaines prioritaires du gouvernement en matière d’investissement sont les suivants:

a) Infrastructures et Services Sociaux

Les infrastructures de l’Ouganda font partie intégrante de sa compétitivité régionale et internationale. La productivité dans pratiquement tous les secteurs de l’économie est affectée par la qualité et la performance des transports, de l’eau, de l’alimentation en énergie et d’autres types d’infrastructures nationales. Par conséquent, le gouvernement entend investir dans le développement des infrastructures afin de révéler le potentiel inexploité du pays.

Le programme de modernisation des infrastructures stimulera le commerce et les affaires, l’industrie et le secteur hôtelier. Il permettra aux marchés de s’ouvrir et favorisera la croissance économique en réduisant le coût des investissements et des activités commerciales.

Le gouvernement a prévu restaurer le secteur des transports maritimes et ferroviaires afin de faciliter la circulation des marchandises commerciales.

Le gouvernement entend se concentrer, au cours des cinq prochaines années, sur:

  • L’investissement nécessaire à la mise en place d’une infrastructure de transport intermodal résistante qui relie le pays en fonction des opportunités ;
  • La réduction du coût élevé des services et des infrastructures de transport ;
  • La mise en oeuvre d’une planification intégrée de l’utilisation des sols et des transports;
  • L’investissement dans la gestion des actifs de transport ;
  • Les projets d’approvisionnement énergétique et électrique ; et
  • Les secteurs de la santé et de l’éducation afin d’améliorer la qualité de vie et la productivité des Ougandais.

b) L’industrie minière

Le gouvernement donne la priorité au développement du secteur minier afin de faciliter la production et le traitement des ressources minières, leur valorisation et leur fabrication. Ceci se fera sur sept minéraux dont le minerai de fer, les phosphates, le cuivre, le marbre ou le calcaire, l’or, les pierres taillées et le sable ou les graviers. Les minéraux ont été sélectionnés en fonction de leur existence quantitative et commerciale.

c) L’agro-industrialisation

Dans le but de stimuler l’agro-industrialisation, le gouvernement entend augmenter les recettes d’exportation en encourageant les investissements dans la chaîne de valeur agricole, notamment dans le domaine de la transformation des produits agricoles.

Ceci pour répondre à la demande croissante prévue de produits alimentaires et d’agro-industrialisation dans la région. L’Ouganda a un potentiel important pour fournir une part significative de ce marché.

d) L’industrie du tourisme

Le secteur du tourisme bénéficiera de mesures d’incitation continues de la part du gouvernement afin d’attirer les investissements étrangers et locaux aux divers niveaux des filières touristiques, de manière à générer des devises et des emplois. Actuellement, le gouvernement diversifie et met en place divers produits touristiques, y compris l’expansion des marchés sources du tourisme au-delà des marchés traditionnels et l’amélioration des infrastructures. Le gouvernement continuera à promouvoir l’Ouganda en tant que centre touristique de pointe offrant une expérience touristique unique et inégalée, telle que la culture, les sites du patrimoine, le tourisme médical, la nature et la faune.

Q: Les investisseurs se montrent très réceptifs aux risques liés à la conquête de nouveaux marchés. En Afrique, ces risques vont de l’insuffisance des infrastructures à l’insécurité et aux lois discriminatoires. Dans le contexte ougandais, que fait le gouvernement pour faire face à ceux-ci et à d’autres risques d’investissement?

L’Ouganda est classé 115e sur 141 économies, avec un score global de 48,9 points selon l’indice de compétitivité mondiale (ICM) en 2019, contre 117e sur 140 économies en 2018. La moyenne sur les 141 économies couvertes était de 61 points, soit près de 40 points à la limite (0-100). Cet écart est préoccupant compte tenu du ralentissement mondial de la croissance économique dû à la pandémie de COVID-19.
Le rapport Doing Business 2020 de la Banque Mondiale a classé l’Ouganda au 116ème rang sur 190 économies, une amélioration par rapport au 127ème rang en 2019.

Ce classement est dû à l’amélioration significative de l’environnement des affaires grâce à la facilitation des échanges commerciaux en Ouganda, en particulier l’accès à l’électricité, la facilitation du commerce et l’exécution des contrats. La stabilité macroéconomique, la situation du marché du travail et le dynamisme des entreprises se sont nettement améliorés en Ouganda, en revanche, l’adoption des TIC et les compétences dans ce domaine ont diminué. En outre, les domaines qui requièrent le renforcement des capacités afin de réduire l’écart entre le classement et la moyenne mondiale de 61, sont les marchés de produits, y compris la taille et les capacités d’innovation.
Les autorités gouvernementales ont fait de grands progrès pour réduire les risques liés à l’investissement dans le pays en mettant en place une infrastructure économique et un environnement propice aux affaires.

À cette fin, voici les grandes réalisations:

  • L’Ouganda a énormément investi dans le développement des infrastructures au cours de ces dix dernières années. La capacité de production d’électricité s’élève désormais à 1 254 mégawatts (MW), notamment à la suite de l’achèvement des projets Agago-Achwa II (42 MW), Kyambura (76 MW) et Ndugutu Power (5,9 MW) ;
  • L’infrastructure routière s’est considérablement améliorée, le réseau routier national pavé totalisant aujourd’hui 5 600 kilomètres, contre 4 300 kilomètres en 2015. Le réseau ferroviaire à écartement métrique est en cours de réhabilitation. La voie ferroviaire facilite actuellement le transport de 18 000 tonnes de marchandises par mois et de 2 000 passagers par jour afin de décongestionner le
    Grand Kampala. Dans le secteur du transport aérien, treize (13) aérodromes ont été réhabilités sur le plan national et l’extension de l’aéroport international d’Entebbe et la construction des aéroports internationaux de Kabale avancent tel que prévu. Uganda Airlines a été relancée et a repris ses activités en août 2019 ;
  • Les services des TIC se sont également améliorés au fil du temps. Les internautes sont passés de 7,5 millions en 2016 à 11 millions en mars 2020. Le nombre total d’abonnements téléphoniques, dont 60% de connexions mobiles, est passé de 21 millions en 2016 à 28 millions en janvier 2020. L’infrastructure dorsale nationale couvre désormais quarante-neuf (49) départements, 480 ministères, agences et administrations locales, et 7 postes frontaliers. En outre, cent soixante-douze (172) innovateurs en matière de TIC ont été soutenus dans le cadre des initiatives nationales dans le domaine des TIC; et
  • Le gouvernement poursuit l’amélioration de la prestation des services publics par le biais de systèmes numériques, à savoir les systèmes de visas et de permis de travail électroniques, le système intégré de gestion des frontières désormais opérationnel, les passeports électroniques intégrés au registre de l’Agence Nationale d’Identification et d’Enregistrement (ANIE), conduisant à une
    réduction de la délivrance des passeports de 10 jours ouvrables en 2016 à 4 jours ouvrables aujourd’hui, l’enregistrement des entreprises desormais en quatre heures ; et des Centres de Service de l’Ouganda créés dans 18 bureaux de zone pour éradiquer la bureaucratie et réduire le coût des affaires.

Le gouvernement s’attelle désormais a:

  • Réformer le transport urbain pour réduire la congestion, en commençant par la grande région métropolitaine de Kampala et, à terme, les villes avoisinantes ;
  • Assurer l’entretien d’urgence des infrastructures routières et des ponts dans tout le pays après les destructions causées par les inondations ;
  • Renforcer les capacités d’entreposage des centres communautaires, régionaux et départementaux dans tout le pays afin de rétablir les chaînes d’approvisionnement et de promouvoir les exportations;

Accélérer la construction prioritare de parcs et de zones économiques spéciales;

  • Réhabiliter le chemin de fer à écartement métrique ;
  • Améliorer la sécurité du transport maritime en installant des dispositifs d’aide à la navigation et en aménageant l’infrastructure de fret aérien, notamment en achevant la nouvelle installation de fret à l’aéroport international d’Entebbe; et
  • Etendre les réseaux de collecte et les routes nationales, l’électricité et les infrastructures des technologies de l’information et de la
    communication (TIC).

Le gouvernement entreprend également de vastes réformes des cadres juridiques et réglementaires de l’investissement. La loi sur le code des investissements a été modifiée en 2019 afin de réviser, moderniser et remplacer la loi sur le code des investissements, article 92. En outre, l’Ouganda a mis en oeuvre les recommandations du rapport (2012) du Comité de Réforme de la Réglementation des Licences des Entreprises (CRRLE) qui ont eu un impact négatif sur l’environnement des affaires.

Q: Pouvez-vous nous donner des précisions sur la stratégie mise en place par l’Ouganda pour renforcer la gouvernance environnementale, sociale et d’entreprise afin de devenir une destination d’investissement plus attrayante?

Le gouvernement de l’Ouganda a pris des initiatives stratégiques et législatives essentielles pour créer un environnement commercial favorable en vue de renforcer la confiance des investisseurs. Ces initiatives se reflètent dans les différentes lois nationales qui exigent que tout investissement de nature infrastructurelle soit soumis à une évaluation de ses impacts environnementaux et sociaux. La présence d’une telle évaluation est essentielle pour atténuer les impacts environnementaux et socio-économiques négatifs de toute proposition d’investissement.

Le gouvernement a promulgué en 2019 la loi sur la gestion de l’environnement et en 2020 le règlement national sur l’environnement. La loi charge l’autorité de mise en oeuvre de veiller à ce que tous les investissements potentiels soient soumis à des évaluations environnementales, lorsque ces investissements sont susceptibles d’avoir un impact significatif sur la santé humaine ou l’environnement. Ces dispositions sont essentielles pour faire de l’Ouganda une destination de choix pour les investissements. L’Ouganda est classé comme l’un des pays les plus accueillants au monde. Cette réputation, associée à un régime fiscal favorable aux investisseurs, qui comprend des exonérations fiscales, et la mise à disposition de terres gratuites pour les investissements, est une stratégie délibérée visant à renforcer la confiance des investisseurs.

La stabilité politique et sociale de l’Ouganda depuis 1986 lui a permis d’améliorer sa gouvernance publique et la réglementation à tous les niveaux du gouvernement, la coopération entre les agences, la lutte contre la corruption et l’élaboration de politiques dynamiques, toutes choses essentielles à l’investissement. En outre, l’Ouganda a créé une agence d’investissement à guichet unique pour coordonner et promouvoir la coopération entre les institutions qui traitent avec les investisseurs, et l’Autorité des zones franches pour mettre en place et gérer les zones franches, qui sont également essentielles à la promotion des investissements.

Enfin, l’Ouganda est signataire d’un certain nombre de protocoles internationaux majeurs portant sur les investissements et les affaires, qui exigent que l’environnement d’investissement du pays soit conforme aux normes internationales et favorise des investissements viables sur le plan développemental et une croissance économique inclusive.

Ces protocoles jettent les bases de procédures visant à s’assurer que les résultats non désirés soient évités.

Q: L’ACA a été très efficace quant à la mobilisation de dettes à taux compétitifs et de longue durée. Au cours des deux dernières années, plus de 2 Mlds d’USD ont été mobilisés sur le continent. Comment l’ACA, de concert avec d’autres partenaires, peut-elle soutenir au mieux les objectifs de développement économique de l’Ouganda, l’un de ses actionnaires fondateurs?

Le gouvernement de l’Ouganda vient de lancer le troisième plan national de développement (PND III), pour la période 2020/21 – 2024/25, dont le thème est “l’industrialisation durable pour une croissance inclusive, l’emploi et la création de richesses durables”, autour duquel le plan articule les principaux objectifs et interventions de développement à moyen terme. Pour ce faire, l’Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique entend soutenir la réalisation des objectifs du PND III comme suit:

  • Participer à l’élaboration d’accords de financement de projets assortis de conditions préférentielles et de meilleurs taux de primes d’assurance dans le cadre d’accords de financement de l’Agence de Crédit à l’Exportation (ACE) qui permettront de réduire le coût et le risque de la dette publique ; et
  • b) Offrir des services de conseil sur les meilleures options de financement dont le gouvernement peut bénéficier pour le financement de nos projets.

Q: Enfin, pensez-vous que l’Ouganda, et l’Afrique dans son ensemble, ont de bonnes chances de connaître une relance économique post-COVID en 2021?

L’Afrique a assez bien résisté au COVID-19 au regard des attentes mondiales. Cela est principalement dû aussi bien à la mise en oeuvre rapide des mesures gouvernementales inspirées de nos expériences passées en matière d’épidémies, qu’à la répartition de sa population, composée majoritairement de jeunes. Depuis le début de la pandémie, l’Ouganda a consacré une grande partie des ressources mobilisées au secteur de la santé et à la relance économique, favorisant ainsi la protection du pays contre l’impact négatif potentiel de la pandémie COVID-19, ainsi que les mesures de confinement mises en place pour contrer la propagation du virus. Selon les prévisions, les activités économiques devraient progressivement se relancer jusqu’à 4-5% pour l’exercice 2021/22 et 6-6,5% pour l’exercice 2022/23.

La relance se fait déjà sentir de manière rassurante, par exemple avec des performances à l’exportation en hausse depuis avril 2020. Le shilling ougandais continue également de se renforcer, consolidant les gains réalisés au cours des mois de juillet, août et septembre 2020.
Le Shilling ougandais s’est accru de 0,7% par mois, pour atteindre un taux moyen de 3, 678 par dollar américain en août 2020, grâce à la hausse des recettes d’exportation, des ONG, des transferts personnels et des investisseurs étrangers, dans un contexte de demande modérée. L’Indice des Directeurs d’Achat (IDA) a dépassé le seuil de 50 sur trois mois consécutifs, à 54,6 en août et 54,4 en septembre. Il s’agit d’un indicateur de croissance soutenue dans le secteur privé. En août 2020, le Composite Index of Economic Activity (CIEA) a enregistré une croissance de 1,0 à 151,9, ce qui implique une croissance générale de l’activité économique. Pour renforcer davantage cette performance, à court terme, le gouvernement envisage de fournir une aide ux ménages pauvres et aux entreprises dont la survie est menacée.

Outre les investissements nécessaires pour améliorer la quantité et la qualité des soins de santé dans tous les domaines, les transferts d’argent liquide aux ménages et l’expansion du crédit aux entreprises seront essentiels pour la relance économique de l’Ouganda. Dans un contexte marqué par une marge de manoeuvre budgétaire limitée, la fourniture d’une assistance immédiate nécessitera une réflexion innovante pour améliorer le bien-être des ménages.

Au-delà des mesures à court terme, il s’avère essentiel que la politique soit orientée vers l’avenir afin de planifier la croissance à long terme. Quatre domaines prioritaires pour cette politique ont été clairement définis:

  • Appuyer la relance du secteur du tourisme, tant par des mesures ciblées destinées à construire et à promouvoir l’Ouganda comme destination touristique de choix, que par des investissements ciblés dans les infrastructures et les compétences indispensables;
  • Encourager la production compétitive de biens marchands, non pas par des restrictions sur les importations constituant souvent des intrants essentiels pour les entreprises ougandaises, mais plutôt par une réduction des coûts commerciaux et des programmes ciblés visant à accroître la concurrence des entreprises nationales (par exemple, par des programmes de développement des fournisseurs) ;
  • Investir dans le secteur agricole tout en s’assurant qu’il reste relativement résistant aux effets de la crise. Les investissements visant à améliorer la qualité et l’offre de café, par exemple, sont susceptibles d’être particulièrement importants pour maintenir la croissance à long terme des exportations; et
  • OEuvrer à la rationalisation et à la réforme des dépenses publiques dans des secteurs tels que les soins de santé et le service public, afin d’optimiser les investissements publics.

La relance prévue n’est possible qu’à condition que nous adoptions et maintenions une combinaison de politiques à court et à long terme aux fins d’atténuer les effets de l’impact de la COVID-19 sur les personnes les plus touchées, et une planification efficace de la relance à moyen terme. En outre, cette relance économique dépend de la volonté des Ougandais de s’ouvrir à l’activité économique en toute sécurité en se conformant effectivement aux Procédures Opérationnelles Standard (POS) publiés par le gouvernement et de la rapidité avec laquelle un vaccin sera approuvé et rendu accessible à tous.

Articles Liés

Message du Directeur Général, Manuel Moses

Lire la suite
Espace partenaires: Entretien avec Maëlia Dufour
Espace partenaires:Entretien avec Haitham Al Khazaleh
Zoom sur la Politique Environnementale, Sociale et de Gouvernance (ESG) et de Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE)
L’ACA dans le secteur de l’énergie

Demande d’assurance

Soumettre

S’abonner à notre bulletin

S’abonner