La pandémie de COVID-19 a révélé l’urgence d’améliorer l’accès à l’énergie et de diversifier les combinaisons énergétiques actuellement utilisées dans de nombreux pays africains. En Afrique subsaharienne, l’accès à l’électricité n’est que de 43%, soit environ la moitié du taux d’accès à l’échelle mondiale. Alors qu’il reste de nombreux défis à relever, la COVID-19 montre également qu’il est vital d’accroître la part des énergies renouvelables abordables dans les combinaisons énergétiques. Un projet de centrale solaire d’une valeur de 67 MUSD récemment annoncé au Malawi et soutenu par un consortium international, prend à cet effet les devants.
La centrale solaire de Nkhotakota, l’un des premiers projets indépendants d’énergie solaire à l’échelle commerciale du Malawi, devrait pouvoir apporter un supplément significatif de 37 MW d’énergie propre aux capacités nationales, estimées actuellement à 362 MW. Construite en deux phases de 21 MW et 16 MW, la centrale solaire est le deuxième projet d’énergie renouvelable soutenu par la RLSF (Regional Liquidity Support Facility) de l’Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique (ACA).
Par le biais de la RLSF, l’ACA fournit une couverture des liquidités pour une durée allant jusqu’à 10 ans. Une fois achevé, le projet fournira de l’électricité à près de 150 000 ménages malawites. Le premier projet à bénéficier du soutien de la RLSF était un partenariat avec Gigawatt Global portant sur la première centrale solaire privée raccordée au réseau du Burundi. Il s’agissait de la première centrale électrique permanente installée dans le pays en 30 ans. La RLSF encourage les investissements consacrés aux énergies renouvelables dans les pays membres de l’ACA via un système de garantie unique et innovant qui protège les producteurs d’énergie indépendants (PEI) contre les risques de retard de paiement par les compagnies nationales d’électricité.
La centrale solaire de Nkhotakota fait partie du plan d’action du gouvernement du Malawi visant à libérer le pays de sa dépendance de l’hydroélectricité, qui représente actuellement plus de 90% de sa fourniture énergétique. En effet, l’hydroélectricité rend le pays vulnérable aux fréquentes coupures de courant électrique qui surviennent souvent en périodes de sécheresse. La centrale solaire vise à fournir une solution plus durable d’accès à une énergie stable et fiable. Le projet, qui résulte du premier appel d’offres lancé par le Malawi dans le secteur de l’énergie, a conduit à un contrat d’achat d’électricité d’une durée de 20 ans conclu en février 2019 entre l’entreprise du projet et ESCOM (Electricity Supply Corporation of Malawi Limited), l’opérateur public national malawite. Puisque conduite selon les meilleures pratiques mondiales, cette procédure d’appel d’offre fut un succès et constitue d’ores et déjà une référence pour la région en matière d’attraction d’investissements étrangers directs dont le secteur a tant besoin.
Le consortium international maître d’ouvrage du projet, comprend deux promoteurs de projet : le rAREH (responsAbility Renewable Energy Holding) basé au Kenya, principal associé finançant sur capitaux propres – et la société Phanes Group basée aux Emirats Arabes Unis. Les deux promoteurs travaillent de concert avec la société américaine DFC (International Development Finance Corporation), ex Overseas Private Investment Corporation – OPIC), qui contribue au financement par emprunt, et Natsons, partenaire de développement local.
En 2017, l’ACA et la Banque Allemande de Développement KfW ont lancé la RLSF avec un financement du Ministère Fédéral Allemand de la Coopération et du Développement Economique (BMZ). La RLSF a été conçue pour lutter contre le changement climatique et attirer les
investissements en soutenant des projets d’énergie renouvelable dans les pays membres de l’ACA.
Dotée d’une capacité initiale de 63,2 millions EUR, la RLSF soutient des projets d’énergie renouvelable de petite et moyenne envergure d’une capacité allant jusqu’à 50 MW (et, exceptionnellement, jusqu’à 100 MW) en protégeant les promoteurs contre le risque de retard de paiement des acheteurs publics, afin que davantage de projets atteignent le stade du bouclage financier.
Le mécanisme est accessible aux PEI basés dans les pays qui ont signé le Protocole d’accord de la RLSF. À ce jour, sept pays dont le Benin, le Burundi, la Côte d’Ivoire, le Madagascar, la Malawi, l’Ouganda et la Zambie l’ont signé et plusieurs autres s’apprêtent à le faire, notamment l’Éthiopie et le Ghana. L’ACA encourage vivement d’autres pays à adhérer au Protocole pour offrir des solutions énergétiques plus rentables et plus propres.