Dès le début de la pandémie COVID-19, les experts ont estimé que le Nigeria, la plus grande économie et le pays le plus peuplé d’Afrique, pourrait subir des centaines de milliers de décès et être probablement le pays le plus touché d’Afrique. Après cinq mois de vie sous les affres de la COVID-19, le Nigéria semble avoir esquivé ce sort.
Avec seulement 59 000 cas et 1 000 décès signalés, la réussite du Nigeria en matière de santé publique pourrait être due à une équipe de professionnels de la santé compétente et de carrure internationale, qui a géré avec succès de nombreuses épidémies de maladies infectieuses au fil des ans.
Bien que le Nigeria ait pu contourner un résultat plus lamentable en matière de santé publique, les répercussions économiques se sont avérées plus importantes. Avec une chute simultanée des prix du pétrole, due en partie à une guerre des prix entre la Russie et l’Arabie Saoudite, le Nigeria, une économie dépendante du pétrole, a vu ses revenus provenant des exportations de pétrole brut chuter d’environ 60%, selon le vice-président du Nigeria, Yemi Osinbanjo, lors d’un récent webinaire organisé par « The Africa Report ».
Afin de faire face aux impacts économiques, le président Muhammadu Buhari a nommé le vice-président Osinbajo à la présidence du comité de durabilité économique, chargé d’élaborer un plan qui placera le pays sur un chemin de croissance plus durable. Ce plan de 6 milliards d’USD sera financé par des ressources budgétaires et des prêts structurés garantis par la Banque centrale du Nigeria. Une aide financière d’urgence de 3,4 milliards d’USD accordée par le FMI sous forme d’un prêt contribuera également à combler les insuffisances.
Les experts font remarquer que les réformes importantes entreprises par le gouvernement pourraient indiquer que des opportunités commencent à se présenter. Des analystes du secteur tels que Muyiwa Oni, responsable de la recherche sur les actions en Afrique de l’Ouest chez Stanbic IBTC (Standard Bank Group) et Andrew S. Nevin, associé et économiste en chef, Afrique de l’Ouest chez PwC, voient tous deux, une potentielle lueur d’espoir.
« À bien des égards, je suis assez optimiste car cette crise a accéléré les décisions relatives à un certain nombre de questions structurelles qui ont entravé le Nigeria au cours de ces dernières années. Par exemple, la politique de subvention des carburants – qui a coûté beaucoup d’argent et n’a pas été très efficace pour aider les personnes à faibles revenus – a été inversée. Les discussions sur les tarifs de l’électricité basés sur le marché au Nigeria portent également leurs fruits. … Le gouvernement commence à prendre des décisions qui pourraient conduire à une augmentation des investissements et à une croissance économique plus rapide et plus inclusive au Nigeria », a noté M. Andrews lors d’un entretien avec le CDC, l’institution britannique de financement du développement.
Muyiwa a également indiqué qu’il était important de mettre l’accent sur la manière de stimuler les entreprises locales, en recourant à la Banque Centrale, afin d’octroyer des crédits aux secteurs ayant la capacité d’alimenter la production locale. Il estime que cette initiative pourrait alimenter une plus vaste reprise. « Au-delà de la crise, il y aura une sensibilisation accrue à l’endroit des secteurs comme celui de l’agriculture et une augmentation des discussions autour de la sécurité alimentaire ainsi que l’octroi de crédits au secteur de la santé, afin de réduire le tourisme médical. Ces domaines pourraient mener à la reprise économique du Nigeria ».
Le plan de reprise des activités comprend :
- des investissements de plusieurs milliards d’USD dans le secteur de l’agriculture dans les 36 États ainsi que des travaux publics et un programme de construction de routes;
- un programme de logements sociaux, soit 300 000 nouveaux logements à construire par an;
- des centrales solaires pour 25 millions de foyers;
- la croissance rapide de la connectivité internet à haut débit à l’échelle du pays pour stimuler la compétitivité commerciale et les services éducatifs ;
- La campagne ‘’Made in Nigeria’’ axée sur le secteur manufacturier : chaussures et textiles, céramique, plastique, meubles, fabrication d’acier et matériaux de construction ;
- l’utilisation des plus grandes réserves de gaz de l’Afrique, la 7e plus grande au monde, comme charge d’alimentation pour l’industrialisation et comme source d’énergie domestique
Ces réformes et l’engagement du gouvernement à mieux reconstruire peuvent également constituer une occasion d’accroître les investissements et la participation du secteur privé.
L’ACA fait de son mieux pour soutenir les banques et ouvrir la voie à une participation accrue du secteur privé. Le Nigeria, l’un des plus récents pays membres de l’ACA, a achevé le processus d’adhésion en août 2020. L’ACA a déjà soutenu des transactions bancaires d’une valeur de 400 MUSD. Ces transactions sont présentées dans la section consacrée au projet phare de ce bulletin. Le soutien de l’ACA permet de libérer des liquidités nécessaires sur le marché et d’aider les PME en aval, qui pourraient être la bouée de sauvetage pour aider le pays à se redresser.
Sources:
Nigeria’s Bouncing Back plan with Yemi Osinbajo https://www.theafricareport.com/41123/bouncing-back-nigerias-post-pandemic-recovery-plan/