Le nouveau Directeur Général de l’ACA, Manuel Moses, évoque son plan ambitieux pour l’ACA - African Trade Insurance Agency (Fr)

Le nouveau Directeur Général de l’ACA, Manuel Moses, évoque son plan ambitieux pour l’ACA

Manuel Moses est bien connu dans le secteur bancaire en Afrique, un atout qui lui sera très utile dans sa nouvelle mission. Animé par sa passion pour le développement de l’Afrique, il espère pouvoir mettre à profit le mandat de développement de l’ACA et ainsi stimuler la croissance dans toute l’Afrique.

Zimbabwéen, il a depuis longtemps rêvé quitter son poste international qu’il occupait pour se consacrer exclusivement au continent qu’il aime si tant. Dans cet entretien, il nous en dit plus sur les raisons qui l’ont poussé à rejoindre l’ACA et sur ce qu’il compte accomplir pendant et après ses 90 premiers jours.

Q: Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans la course au poste de Directeur Général de l’ACA?

Le mandat dont dispose l’ACA est exceptionnel, car favorisant le commerce et la croissance du secteur privé dans la région. Le commerce et l’investissement sont les éléments essentiels qui favorisent la diversification et les exportations, générant ainsi des emplois. Le commerce fait tourner le monde. Au regard de mon expérience dans le domaine du développement, j’ai été tout naturellement séduit par le parcours passionnant de l’ACA.

Le commerce intra-africain n’est que de 16% contre 50% dans d’autres régions, le potentiel de croissance et donc d’opportunités pour l’ACA est énorme. Je me sens chanceux d’avoir rejoint l’ACA juste à la veille de la mise en oeuvre de l’Accord de Libre-échange Continental
Africain (AfCFTA), qui donne un nouvel élan aux opportunités de l’ACA nonobstant la pandémie actuelle de COVID-19. Toutefois, pour que le commerce intraafricain soit la solution, le déficit d’infrastructures et le taux d’industrialisation de l’Afrique doivent s’accélérer au cours de la prochaine décennie.

Q: Comment votre expérience antérieure vous a-t-elle préparé à ce rôle?

Je suis nanti d’une expérience professionnelle de plus de 25 ans dans les domaines de la finance, de la banque, de l’assurance et de l’investissement au niveau international. Par conséquent, je dispose d’une connaissance accrue des défis et des opportunités uxquels est confronté le secteur privé dans le cadre du déploiement de capitaux dans la région. J’ai commencé ma carrière dans le secteur bancaire, où j’ai largement affiné mes compétences en matière d’analyse de crédit et de risque, d’administration et d’opérations.

Au fil des ans, j’ai construit un important réseau de partenaires dans les secteurs privé et public, ainsi que des partenaires de développement que je m’emploierai à rassembler pour soutenir ma mission. Dans le cadre de mes fonctions précédentes à la SFI, j’ai eu maintes fois l’occasion de m’engager avec des partenaires pour relever certains des principaux défis auxquels la région est confrontée. Je possède également de l’expérience dans le traitement des questions nationales complexes et le développement de plusieurs cadres de partenariat nationaux. Tout ceci mis ensemble m’a préparé à pleinement assumer cette fonction.

Q: Que comptez-vous aborder en priorité au cours de vos 90 premiers jours

Je voudrais au cours de mes 90 premiers jours de travail rencontrer tous les membres du personnel, individuellement et en équipe, afin de mieux cerner les défis et les possibilités qui s’offrent à eux, en particulier en ce qui concerne le travail à domicile. Il est important de veiller à ce que le personnel soit pleinement engagé pendant cette période difficile.

Le personnel est notre plus grand atout et nous devons nous assurer qu’ils disposent des ressources nécessaires pour atteindre nos objectifs ambitieux. Au cours des quatre prochaines années, je me concentrerai plus particulièrement sur les points suivants:

  • Augmentation du nombre de pays et d’institutions membres;
  • Augmentation des capitaux propres;
  • Repositionnement de la marque de l’ACA sur le marché suite à une campagne de changement de marque prévue pour s’achever en 2021;
  • Renforcement de la collaboration avec les réassureurs, les partenaires et les parties prenantes au sens large du terme; et
  • Amélioration du temps de traitement et de satisfaction du client.

Q: Quelle est votre vision pour l’ACA? Comment voyezvous l’évolution de l’ACA au bout de cinq ans et comment comptez-vous créer ce changement?

Le commerce africain ne représente qu’environ 2% du commerce à l’échelle mondiale, mais la situation est en pleine évolution. Nous disposons d’une population jeune, dotée de compétences à moindre coût, d’une classe moyenne croissante – grâce à l’amélioration des fondamentaux macroéconomiques, d’une meilleure gouvernance et d’un environnement commercial favorable qui offre d’immenses possibilités à l’Afrique, qui prend la place qui lui incombe dans le commerce mondial. Je m’attends à ce que les chaînes de valeur mondiales migrent vers l’Afrique pour saisir cette opportunité. Je vois l’ACA travailler avec ses partenaires et d’autres parties prenantes pour faciliter cette migration et créer les emplois dont le continent a tant besoin.

Cependant, les défis de développement tels que l’accès au financement pour les PME, le financement du logement et du crédit hypothécaire, l’épargne et l’assurance, entre autres, sont encore en deçà des normes du marché. Il reste encore beaucoup à faire dans ce sens. Le défi, cependant, est d’être plus sélectif dans le choix des bons projets qui ont un impact et un effet démonstratif pour attirer les capitaux privés. Je mettrais l’accent sur l’utilisation du bilan et de la notation de crédit de l’ACA pour mobiliser des capitaux afin de financer les besoins en infrastructures des régions éloignées et des pays voisins moins développés. Les défenseurs des clients peuvent être encouragés à envisager une coopération sud-sud pour des partenariats gagnant-gagnant. L’objectif général sera de renforcer la présence de l’ACA dans les pays à faible revenu de la région et de soutenir les nouveaux pays membres, en particulier ceux de l’Afrique de l’Ouest.

Si les institutions financières sont un élément clé du développement d’un pays, elles ont également la responsabilité de garantir la durabilité. Le secteur financier est soumis à une pression accrue pour soutenir la croissance verte.

Le coût de l’énergie éolienne et solaire a considérablement baissé au fil des ans, ce qui permet de répondre aux besoins énergétiques de n’importe quel pays à des prix abordables. Nous avons également un rôle à jouer pour encourager nos clients à s’engager à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Q: Comment l’ACA pense -t-elle pouvoir aider l’Afrique à se remettre de la crise du COVID?

L’ACA peut soutenir les efforts de relance de nombreuses manières. Dans un premier temps, l’accent sera mis sur le sauvetage de nos clients qui ont subi les conséquences négatives de la restructuration de leurs expositions, puis nous commencerons lentement à reconstruire en douceur. Nous devons sortir des sentiers battus pour accroître l’accès à un haut débit que beaucoup peuvent s’offrir.

L’accès à l’internet est désormais aussi important que l’air que nous respirons. À titre d’exemple, lorsque COVID-19 a frappé le continent africain, certaines écoles avaient déjà été fermées en raison de conflits, de grèves ou de l’aggravation des tempêtes et des inondations. La crise de COVID-19 et les fermetures qui ont suivi ont fortement exacerbé le problème de l’éducation. Des initiatives d’enseignement à distance ont été mises en place et les enseignants, les districts et les gouvernements ont été des partenaires essentiels dans cette expérience sans précédent d’enseignement à distance. Cela n’aurait pas été possible sans l’infrastructure numérique et l’innovation du secteur privé. Comment pouvonsnous accélérer ce processus en utilisant des outils tels que l’assurance contre les risques politiques pour les investisseurs dans des partenariats public-privé (PPP)à haut débit dont nous disposons à l’ACA? J’ai hâte de mener un brainstorming avec mon équipe sur d’autres solutions émergentes, mais il nous faut miser sur l’innovation si nous voulons rester pertinents.

Pour éviter les problèmes et maintenir les investissements nécessaires, les pays africains, confrontés à une nouvelle crise de la dette, auront besoin d’une aide à long terme plus importante que celle que leur offre le dernier plan d’endettement du G20. Environ 40% des pays  d’Afrique subsaharienne étaient en situation de surendettement ou risquaient de le devenir avant même 2020, tandis que, plus récemment, la Zambie est devenue le premier pays du continent à faire face à un défaut de paiement de l’ère de la pandémie. Les États-Unis, la Chine et d’autres pays du G20 ont offert aux pays les plus pauvres du monde – dont beaucoup se trouvent en Afrique – une aide financière allant au moins jusqu’au mi-2021 et ont défini des règles de rééchelonnement de la dette publique afin d’éviter le risque de défaillance suite à la crise du coronavirus. Mais ces plans visant à fournir un répit à court terme pourraient ne pas aller bien loin.

L’aide de certains pays portera sur l’encours de leur dette, et pas seulement sur les paiements. Nos dirigeants ont plaidé en faveur d’une annulation pure et simple de la dette, sans compter les nombreux appels à une suspension plus longue du service et du remboursement de la dette des pays les plus pauvres du continent. D’autres, comme la Commission Économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA-ONU) et certains investisseurs privés, ont également suggéré que la force des institutions de développement soit mise à profit par le biais des prêts et garanties afin de réduire les coûts d’emprunt pour les pays soumis à une forte pression. Nous verrons dans quelle mesure l’ACA peut être utile à cet égard.

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