Les partenaires financiers sont la cheville ouvrière du modèle de développement de l’ACA. Qu’ils soient réassureurs ou banques, sans ces alliés importants, nous ne pourrions pas soutenir les gouvernements africains à la même hauteur – en les aidant à obtenir des prêts préférentiels qui se traduisent par une meilleure transparence, en leur offrant une voie vers une meilleure gouvernance et des projets qui répondent aux meilleures pratiques internationales et aux objectifs de développement des gouvernements. Cette section met en lumière certains de ces héros dans l’ombre qui sont essentiels pour aider les gouvernements africains à continuer à aller au-delà des aides.
Dans cette édition, nous vous présentons Swiss Re ainsi que leurs efforts visant à fournir la capacité d’assurance nécessaire pour aider l’Afrique à devenir plus résiliente face aux catastrophes naturelles et autres événements, tels que la pandémie actuelle.

Pius Leupi

Abdeladim Bousselam
Pius Leupi, Souscripteur en chef des risques crédit, caution et risques politiques et Responsable régional EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique) et Abdeladim Bousselam Souscripteur principal des risques crédit, caution et risques politiques donnent un aperçu de l’impact de Swiss Re dans le domaine de l’assurance dans la région.
Q: Quel rôle joue actuellement Swiss Re dans l’espace de la réassurance en Afrique et quels sont vos principaux objectifs ?
Notre rôle en Afrique est de servir d’amortisseur de chocs pour nos clients, afin de pouvoir accroître la résilience sociétale requise pour combler le vide, en matière de protection. Selon les estimations du Swiss Re Institute, environ 66% de toutes les pertes économiques attribuables aux catastrophes naturelles au cours des dix dernières années n’étaient pas assurées; en Afrique, ce déficit de protection est encore plus significatif. Il convient de rappeler que le cyclone Idai a donné lieu à une perte économique globale au Mozambique, au Malawi et au Zimbabwe, avec des pertes globales de 2 milliards d’USD, dont seulement 7% étaient assurés, soit un écart stupéfiant de 93%. Notre principal objectif en Afrique est de combler cet immense écart de protection afin de rendre ce continent plus résilient.
Q: Quelle part de votre activité représente l’assurance contre les risques politiques et commerciaux et que pouvez-vous faire de plus
Au fil des années, notre portefeuille de réassurance dans le domaine de l’assurance contre les risques politiques et commerciaux a évolué afin de soutenir nos partenaires. En Afrique, nous avons octroyé une capacité de couverture à de nombreux projets sur le continent dont l’impact sur le développement est réel. En outre, nous nous engageons à maintenir notre soutien tout au long du cycle.
Q: Selon vous, pourquoi la réassurance est-elle importante pour les économies africaines ?
L’industrie de la réassurance est essentielle. Non seulement elle joue le rôle primordial dans l’absorption des dégâts causés par les catastrophes, mais aussi elle aide les économies à rebondir plus vite et plus fort. Cependant, pour avoir un impact significatif sur l’ensemble du continent, nous devons renforcer la pénétration de l’assurance. Selon les références mondiales, les économies développées ont un taux de pénétration de 7 à 10% du PIB. Sur l’ensemble du continent africain, seule l’Afrique du Sud dépasse nettement ce seuil, alors que des pays comme la Namibie, le Zimbabwe et le Maroc le dépassent à peine. Il existe un énorme potentiel pour renforcer la résilience économique et sociétale du continent.
Q: Quelle est votre collaboration avec l’ACA sur les transactions en Afrique et votre vision de ce partenariat ?
L’ACA a collaboré avec le secteur de la réassurance pour aider ses pays membres à attirer de nouveaux investissements et des capitaux. En tant que partenaire à long terme, nous travaillons en étroite collaboration avec l’ACA pour soutenir certaines de leurs transactions phares. La complexité de certaines transactions exige de mettre un effet de levier sur l’infrastructure existante de l’ACA et les liens étroits dont elle bénéficie avec ses pays membres. Nous partageons une vision commune avec l’ACA, pour soutenir des transactions qui ont un impact positif non seulement sur la vie mais aussi sur les moyens de subsistance de la population, pour une Afrique plus résistante et plus propice aux investissements.
Q: Quels ont été les plus grands défis dans votre capacité à réassurer les risques en Afrique ?
L’écosystème requis pour le bon fonctionnement de l’assurance et des partenaires qui sont engagés sur de long terme, est essentiel pour créer un secteur de réassurance/assurance crédible et durable.
Q: Comment avez-vous réussi à atténuer les défis ?
La première étape consiste à toujours reconnaître les spécificités des différents pays d’Afrique. Ensuite, afin d`élargir la couverture d`assurance, nous nous sommes engagés dans une perspective à long terme, mise en œuvre à travers des mécanismes de financement innovants telles que le reprofilage de la dette. Etant donné que les pays du continent ont une notation de crédit inférieure à la qualité d’investissement, le rôle de l’ACA est une pierre angulaire dans ce processus.
Q: Quel a été l’impact de COVID-19 sur votre portefeuille en Afrique, et plus particulièrement sur votre stratégie dans la région ?
Nous avons un engagement à long terme envers l’Afrique, et la pandémie n’y a rien changé. Les effets néfastes de la pandémie COVID-19 ont été stupéfiants et déchirants, avec un impact dévastateur sur les individus, les familles et les économies. Swiss Re s’engage à soutenir ses clients et partenaires dans la région par l’intermédiaire d’innovation de produit et de son leadership, et en couvrant les sinistres.
Q: Quelles sont vos prévisions pour 2021 – à quoi ressemblera le paysage de la réassurance ?
Nous avons tiré des leçons difficiles et découvert les vulnérabilités sociétales et économiques du monde entier, grâce à cette pandémie. Ces leçons devraient façonner l’avenir de notre secteur, en matière de tarification et, en tant qu’une industrie, nous devrions voir des changements dans la façon dont nous abordons le risque de pandémie. Nous avons compris par cette crise que la nature systémique et l’ampleur d’une pandémie comme celle de Covid-19 est un lourd fardeau pour le secteur de l’assurance. Grâce aux partenariats public-privé, nous avons une occasion unique de renforcer la résilience face aux futures pandémies et aux risques systémiques.